Vallouise  Magazine

Informations et Renseignements sur la Vallouise et le Pays des Écrins

Enfantines, Saute-rocher, Célestin Freinet

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Chamois du Pays des Écrins

Chamois - Rupicapra rupicapra

 

Chamois - Rupicapra rupicapra

Photos Vallouimages -Juin 2011

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Pays des Écrins

Enfantines rédigées par les élèves de l'école primaire de Saint-Martin-de-Queyrières (1937)

Saute-Rocher

Le petit chamois de la montagne

(1)

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Je suis Saute-Rocher, le petit chamois de la montagne. Je naquis au Grand-bal (barre de gazon entre 2 précipices), un jour de fin avril. À peine né, ma mère me lécha les yeux et je me mis tout de suite sur mes jambes.

Je vis de grandes montagnes couvertes de neige, le fond du vallon qui se dégageait par grandes plaques sombres de son tapis blanc. L'eau ruisselait sur toutes les pentes. Plus bas, les mélèzes se couvraient de fines aiguilles et les prés étaient d'un vert tout neuf. La neige des sommets étincelait.  Mais la nuit arriva très vite, un vent frais souffla. Je frissonnai et poussai de petits bêlements plaintifs que ma mère comprit. Elle se coucha à l'abri d'un grand rocher, je me blottis contre elle et m'endormis.

Je me réveillai dans la nuit, la montagne était toute sombre, d'innombrables étoiles scintillaient dans le ciel obscur. Un vent froid agitait les branches nues des mélèzes et hurlait dans le vallon. J'eus peur, mais ma mère me rassura en me léchant tendrement. J'avais faim, je tétai un peu du bon lait, et je m'endormis jusqu'au matin.

Quand je me réveillai, les cimes des montagnes, blanches comme de l'argent, se découpaient dans le ciel bleu. Une lueur descendait vers la vallée. Ma mère me dit : « c'est le soleil ». Alors je vis apparaître derrière le pic de Pierre-Eyraut, des rayons aveuglants ; puis une boule de feu qui argentait la neige m'inonda de lumière ; une douce chaleur me réchauffa.

Le vallon devint clair et joyeux. La bergeronnette, la première arrivée, sautillait en baissant et relevant la queue. Au bord du torrent, les grives chantaient sur les plus hautes branches. Une marmotte efflanquée après son long jeûne, siffla droite sur ses pattes de derrière.

Je me mis à sauter et à gambader, auprès de ma mère qui broutait de fines herbes. Au moindre bruit, elle frappait du pied pour m'appeler, et la tête haute, les oreilles droites, elle demeurait un moment immobile.

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Note :

Ces textes ont été publiés dans le cadre de l'expression libre à l'école prônée par la  pédagogie de Célestin Freinet. Son épouse, Élise Lagier, était originaire de Vallouise. Il y fut assigné à résidence à l'automne 1941 et prit une part active au maquis de Béassac, en Vallouise. Ces Enfantines et d'autres publiées dans son imprimerie de Vence montrent que l'école de Saint-Martin suivait alors sa technique.

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