Tourisme haut-alpin
Bilan de la saison d'hiver 2010 -
2011
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La saison d'hiver a été plus ou moins bonne selon les
stations. De façon générale les stations ont bénéficié d'un moins
mauvais enneigement que dans les Alpes du Nord mais qui n'a pas
justifié les qualificatifs d'excellent ou d'exceptionnel,
employés ici ou là, sauf sur la zone frontalière. La qualité de la
neige a même été critique et a provoqué plusieurs accidents mortels.
Partout, les fortes chaleurs de mars et avril ont fait fuir les
clients. Comme toujours, il y a les vrais satisfaits, les faux
satisfaits (satisfaits en apparence mais déçus en réalité ou qui
cachent des résultats mitigés) et les déçus.
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Parmi les satisfaits et faux satisfaits (1) :
Montgenèvre, qui est même très satisfait et qui fait sa meilleure saison
avec +8 % de croissance du CA des remontées mécaniques grâce à un bon
enneigement. En projet pour l'été, la rénovation d'un télésiège et la réfection
de la gare de la Télécabine du Chalvet.
Réallon qui a réalisé l'une de ses 3 meilleures saisons.
Le Queyras, qui a également profité de l'enneigement sur les zones
frontalières, avec +7,9 % de croissance du CA, pour seulement +1,9 % de
croissance de la fréquentation. La hausse du CA cache en fait une hausses des
tarifs.
Vars s'estime satisfait, mais sur des indicateurs peu probants.
Risoul qui se contente de +2,6 % de croissance du CA des remontées. Un
reportage télévisé sur les gendarmes de Risoul en a donné une curieuse
présentation de station bas de gamme. Les rassemblements étudiants, sympathique
dans le principe, se retournent contre les stations par les excès qui les
accompagnent. Puy-Saint-Vincent et les Orres en ont également
souffert dans le passé.
Puy-Saint-Vincent affiche +4,5 % de croissance du CA des remontées par
rapport à la saison précédente qui était la meilleure année jusque là, mais +4 %
est lié à la hausse du prix des forfaits. La saison avait pourtant bien commencé
avec +12 % à fin-mars, mais comme partout la fin de saison a été catastrophique.
Puy-Saint-Vincent se caractérise par une forte clientèle en provenance
des pays de l'Europe de l'Est. Il ne faudrait pas en faire une image de marque.
Serre Chevalier a dû maintenir le résultat malgré une mauvaise fin de
saison.
Parmi les déçus :
Les
stations du Champsaur cachent mal leur déception sous des affirmations de
soulagement : Pas catastrophique, on s'en sort bien à
Saint-Léger-les-Mélèzes avec -3 % de baisse du CA des remontées ; On s'en
tire très bien à Ancelle avec 80 % du domaine skiable enneigé toute
la saison.
Orcières parle d'année correcte avec -3 % de baisse du CA des
remontées, mais par rapport à une très bonne saison.
Pelvoux a fermé fin mars avec une baisse de - 3 % du CA. Janvier et mars ont
été deux mois décevants, ce qui est assez habituel ici où seules les périodes de
vacances attirent du monde.
Les Orres font preuve de franchise en reconnaissant une saison pas très
bonne.
La Grave-la-Meije ne cache pas sa déception en parlant de mauvaise saison
avec une baisse de -20 % du CA des remontées et une très mauvaise fin de saison.
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Le CA des remontées mécaniques des Hautes-Alpes est passé de
71 millions d'euros en 2005 à 109 millions d'euros en 2010, dont 31,5 pour
la seule station de Serre Chevalier. Les Hautes-Alpes pèsent lourd
dans les Alpes du Sud, en effet elles représentent : 76 % du CA des
remontées mécaniques des Alpes du Sud ; 65 % de la fréquentation touristique
des Alpes du Sud ; 63 % de la consommation touristique des Alpes du Sud. Par
contre, leur poids national est faible puisqu'elles ne pèsent que 9 % du CA
des remontées mécaniques des stations françaises.
90 % de la clientèle des stations haut-alpines est
française, dont 33 % originaire de PACA, 18 % d'Île-de-France (5 % de Paris)
et 10 % de Rhône-Alpes. 10 % de la clientèle est étrangère dont 3 % vient de
Belgique ou du Luxembourg, 2 % du Royaume Uni ou d'Irlande et 1% d'Italie.
Le pourcentage ridicule de la clientèle italienne est anormal alors que la
zone de chalandise du département devrait s'étendre jusqu'à Turin. Par
contre, la clientèle en provenance des pays de l'est est anormalement élevé
à Puy-Saint-Vincent au point de poser des problèmes de cohabitation.
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Enfin, le CDT a fini par abandonner le stupide thème des Alpes Latines pour se
focaliser sur le simple nom des Hautes-Alpes. Il est vrai qu'à vouloir trop
cogiter et faire intelligent, le CDT s'était pris les pieds dans le tapis avec
le slogan des Alpes Latines, incompréhensible et dénué de tout fondement. Il
serait également question de communiquer sur la neige au soleil, mais la neige
au soleil, eh bien, elle fond !
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Notes :
(1) Ils sont très difficiles à distinguer et il est
préférable de rester prudent. De façon générale, la communication
touristique souffre du défaut du tout est parfait dans le meilleur des
mondes. C'est vrai dans la communication touristique, mais ça déteint
aussi parfois sur la communication économique, d'où des informations parfois
pas très fiables.
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Références :
Dauphiné Libéré, édition du mercredi 27
avril 2011.
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