Des stations en difficulté
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Dans son édition du 28 mai 2013, le Dauphiné Libéré
a évoqué les difficultés financières des stations des Orres, de
Risoul et du Queyras en s'interrogeant sur la pertinence
de leurs stratégies. Ayant à plusieurs reprises, depuis plusieurs
années, dénoncé la fuite en avant immobilière de nombreuses stations, je
ne peux qu'abonder dans ce sens.
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Toutefois leurs difficultés ne semblent pas être du même ordre :
Au premier abord, les difficultés des Orres
(1) semblent plus
conjoncturelles et révèlent plus des difficultés de gestion que de stratégie.
Mais qu'une aussi bonne et longue saison enregistre à la fois un déficit
financier et une baisse du nombre de journées-skieurs indique probablement des
problèmes plus structurels, non seulement de gestion mais également de
commercialisation.
Le cas de Risoul a déjà été analysé
(2). L'erreur de stratégie de la
municipalité est manifeste et la persistance dans l'erreur est encore plus
grave. Son modèle économique fondée sur la fuite en avant immobilière (3),
à la fois financée par les recettes des remontées mécaniques et indirectement
encouragée par le laisser-faire de la commune, est un échec cuisant.
Le Queyras est une destination touristique plus qu'une
station de ski. Celui-ci n'est qu'une activité parmi d'autres. Le pays souffre
du morcellement de son domaine skiable et aussi un peu de son isolement (4)
voulu ou subi par rapport aux stations du Guillestrois. Si des efforts de
gestion peuvent sans doute être faits et si les investissements doivent rester
prudents et à l'échelle des moyens du pays, le ski de piste en Queyras ne
peut être qu'un produit d'appel à deux niveaux : au niveau des villages et comme
lieu de résidence pour les stations proches. L'analyse économique et financière
doit être globale en incluant les retombées du ski sur l'ensemble des activités.
Les collectivités qui soutiennent la régie doivent avoir une approche élargie du
retour sur investissement et une stratégie globale de développement.
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Les Orres, Risoul, mais aussi
Puy-Saint-Vincent (5),
se sont lancées dans des programmes immobiliers démesurés et connaissent de
graves problèmes de remplissage. Risoul a en plus laissé filer la gestion
de ses remontées mécaniques pour financer son immobilier. De leurs côtés, les
Orres et Puy-Saint-Vincent ont sagement gardé le contrôle de leur
outil de production et de leur matière première à travers des sociétés
d'économie mixte, la Semlore et la Sem les Écrins,
de même que le Queyras à travers une régie publique. Gageons que le grand
voisin, qui a déjà pris la gestion de Crévoux, doit surveiller tout cela
avec attention, non sans arrière-pensées !
Le devenir de ces stations représente un enjeu important pour la
région et ses habitants. Le développement touristique n'a de sens dans ce type
de stations et en Queyras que si les habitants en sont les bénéficiaires
directs. Pas comme à Risoul, où les recettes ont filé à Paris et où les
dettes sont restées au pays.
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Vallouimages
Vallouise, 04 juin 2013
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Notes :
(1)
Article du Dauphiné Libéré sur les Orres
(2) Risoul dans la tourmente
(3) Il ne semble pas que le maire de Risoul maîtrise
encore la situation si on en juge par son
interview à Alpes 1 du vendredi 31 mai 2013. Il est dépendant de trop de
facteurs extérieurs qu'il ne contrôle plus du tout. Au pire, il pourrait être
contraint de poursuivre la DSP avec une société en laquelle il n'a plus du tout
confiance jusqu'en 2031 ! Et on découvre que la Caisse des Dépôts
est restée prudemment à l'écart au vu de son état financier alors même que
Risoul fonçait tête baissée dans une nouvelle DSP.
(4) Lorsqu'existait la carte Tempo commune à Puy-Saint-Vincent
et Saint-Véran, j'allais volontiers y skier.
(5) Puy-Saint-Vincent -
Propriétaires et gestionnaires sous pression ou Fiasco d'une revitalisation
détournée de sa finalité
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Voir aussi :
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