Grand Briançonnais
	
	« Le bleu du Pelvoux a toujours 
	existé ! »
	
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Les producteurs de 
bleu du Queyras, soutenus par la chambre d'agriculture, voudraient bien obtenir 
une AOP, appellation d'origine protégée, pour leur fromage (1). Ils en sont à la 
phase de l'écriture du cahier des charges à transmettre à l'INAO. La zone de 
l'appellation couvrirait le nord-est du département et inclurait donc le Pays 
des Écrins, où était produit au XIXe siècle le bleu du Pelvoux.
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C'est l'occasion de revenir sur l'affirmation 
émise par un correspondant : « le bleu du Pelvoux a toujours existé ! »
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Voire !
Les choses sont rarement aussi immuables, surtout dans l’agriculture de montagne 
qui aujourd’hui n’a plus rien à voir avec celle qui existait encore au milieu du 
XXe siècle. Voyons donc ce qu'il en est !
L'existence des fromages à pâte persillée n'est pas si ancienne que cela, XVIIIe 
siècle pour les plus vieux, plus souvent au cours du XIXe siècle, et beaucoup 
ont cessé d'être produits dans le courant du XXe siècle.
Il en reste dans notre région les anciennes dénominations, « bleu de l’Oisans », 
« bleu du Pelvoux », « bleu de l’Olan », « bleu du Queyras », « bleu de 
Ceillac », et peut-être d’autres, si vous en connaissez. Des recherches 
complémentaires nous diraient les lieux de fabrication et si les méthodes 
d’insémination étaient naturelles ou artificielles. C’est une époque révolue, 
seul le « bleu du Queyras » s’est maintenu et on en connaît l’histoire (mais 
c’est un autre sujet !).
Dès la fin du XIXe siècle, les fromages n’étaient plus fabriqués sur place. Le 
lait était collecté par des sociétés nouvellement créées comme la Laiterie 
Briançonnaise, créée par Jules Gravier en 1887 ou 1888, qui collectait le lait 
dans les vallées de la Clarée, de la Guisane et de la haute Romanche, ainsi que 
dans le Queyras ; a priori pas en Vallouise, donc pas de lait vallouisien dans 
ses fromages, au moins au début ! Néanmoins, une marque du nom de « Pelvoux » 
est lancée par le même en 1906. Il s’agissait d’une marque sans lien avec la 
commune de Pelvoux, aujourd’hui cela serait « Les Écrins » que l’on met à toutes 
les sauces. Mais dès les années 1930, le ramassage du lait par Nestlé portera un 
coup fatal aux fruitières du Briançonnais et du Queyras. La Laiterie 
Briançonnaise elle-même cessera son activité au début des années 1950 (à 
préciser, si quelqu'un à des informations sur cette période, merci d'avance).
Concernant notre bleu, étant une marque, on ne peut parler de « bleu du Pelvoux 
» et encore moins de « bleu de Pelvoux ». S’il était encore produit, il 
s’agirait simplement d’un bleu (de marque) « Pelvoux ». En effet, la fromagerie 
de Montbardon m’a confirmé qu’elle ne produisait plus que du « bleu du Queyras » 
et qu’elle avait cessé la production du bleu « Pelvoux ».
Mais oui, le « bleu de Pelvoux » a toujours existé, il suffit de regarder le 
ciel !
Pour l’anecdote, comme elle avait commercialisé un bleu « Pelvoux », la Laiterie 
Briançonnaise a aussi commercialisé un fromage nommé « Le Val des Prés » qui 
était un… camembert briançonnais !
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On en retiendra que le Grand Briançonnais était encore une zone de production 
fromagère réputée au siècle dernier, aujourd'hui réduite au seul Queyras. Le 
redeviendra-t-il si l'AOP est accordée ?
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Vallouimages
Vallouise, 20 mars 2019
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Notes :
						
						(1) Noé Philippot, « Le 
						bleu du Queyras veut son AOP », Le Dauphiné 
						Libéré, 20 mars 2019.
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	Références
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